« J'ai le présent entre mes mains »
Je l'ai fait. Ce matin. Quand je me suis réveillée, j'ai hésité un long moment. J'avais rendez-vous à 11h30 et à 11h, j'étais encore dans mon lit, à fixer le mur. Je me disais « 20€ de caution, c'est pas la mer à boire, rien ne t'oblige à passer le cap, c'est indélébile, maman va hurler, reste là, ne sors pas de sous ta couette, ça ne fait rien, tu peux encore repousser de quelques mois... » Et puis, soudain, j'ai surgi de mes draps, j'ai foncé sous la douche, je me suis habillée en quatrième vitesse et j'étais dehors. J'en ai marre de repousser, marre d'avancer d'un pas pour reculer de trois ensuite. Ce rendez-vous, ça n'est pas qu'une séance de tatouage. Non, c'est également une promesse que je me fais à moi-même : A partir de maintenant, je ne reculerai plus, je ferais tout pour réussir ce que j'entreprends. Mes années de faculté, mes petites amies, mon permis de conduire, mes projets, ce voyage qui me hante. Ça m'a fait un mal de chien. En même temps, j'ai encore mes cicatrices dues à mes depressions et scarifications alors c'était prévisible. J'ai serré les dents, soufflé quand le tatoueur retirait l'aiguille quelques secondes, j'ai maintenu mon bras pour ne pas bouger et je me suis focalisée sur les dessins et photos au mur et la radio. Adèle, Florent Pagny, Ulysse... Etrangement, des chansons que j'aime bien, que je connais par coeur. Je n'ai pas regardé du tout ce qu'il faisait, jusqu'aux deux dernières lettres, le R & le E de « FUTURE » que j'ai fixé. Ça n'a pas duré très longtemps, une vingtaine de minutes tout au plus. Quand ce sera moins rouge, je ferais une photographie et j'éditerai ce message. Là, je vais passer une semaine sans prendre de douche et à sursauter quand je poserai mes poignets sur le bord de mon clavier mais c'est la vie. Ma mère hurlera quand elle reviendra, mon père peut-être aussi, un peu ou il s'en fichera royalement. Mais peu importe. Après tout, c'est pour moi que je l'ai fait. Pour me rappeler à chaque instant que j'ai ma vie entre les mains et que je ne dois plus perdre mon temps. Le passé, je ne peux plus rien y faire. Le futur ne dépendra que de moi. Et le présent, je l'ai entre les doigts...